Club des collectionneurs en Arts Visuels de Québec

Jean Gaudreau-(la deuxième vie du cuivre verdi)

Gaudreau

 

Catherine Genest  par CATHERINE GENEST

D’un point de vue strictement anecdotique, la nouvelle expo de Jean Gaudreau fascine. Parions que Bruce Price, l’architecte du Château Frontenac, se retourne déjà dans sa tombe.

De la gouache, de l’acrylique, de l’aérosol, un mélange de colle ultra forte faite maison, des toiles en bois et du cuivre oxydé arraché du toit de l’hôtel le plus photographié du monde. Incroyable, mais vrai: la plus récente série du peintre a une réelle valeur patrimoniale. AvecERVUICJean Gaudreau s’amuse avec des artefacts. Des vrais de vrais. «Cette expo aurait pu s’appeler Sans compromis. Ce n’est pas une production commerciale, parce que ça ne sera pas présenté en galerie. Je me suis payé le luxe de faire ce que j’aime.»

Parce que, il faut l’écrire, Gaudreau gagne un salaire annuel franchement enviable. Une chose assez rare, il va sans dire, pour un peintre qui se consacre exclusivement à son art pour mettre du beurre sur ses toasts. «Avant, et jusqu’à la fin des années 1990, j’étais beaucoup en mode survie. Depuis sept ou huit ans, je vis super bien de mon art et je m’en réjouis.»

Le hic, c’est que profit et liberté ne vont pas toujours de pairs. Du moins, c’est ce que croyait le peintre avant de se lancer dans un trip expérimental comme seuls les jeunes premiers osent le faire. Il se dira lui-même surpris de constater l’intérêt des collectionneurs qui le suivent depuis longtemps. Comme si son public se réjouissait de le voir évoluer.

Peinture de mâle alpha

Ça va de soi, Jean Gaudreau a dû tester plusieurs techniques avant de parvenir à fixer les retailles de cuivres du Château Frontenac sur ses toiles de très grand format. «J’utilise les vis d’origine, des vis centenaires. Je travaille aussi la matière en la chauffant, la tordant avec des pinces. J’ai même une compacteuse.» Autrement dit, les outils de quincaillerie se sont mis au service de l’art.

Au final, la collection d’œuvres présentées à la Caserne Dalhousie se divisera en deux parties: les très grands formats sur toile de bois et les fragments de cuivre numérotés par estampe déposés dans des boîtiers de verre. Chez Gaudreau, la peinture archichargée aux couleurs primaires criardes côtoie le minimalisme et la pureté du métal tordu que le principal intéressé décrit comme «des fossiles contemporains». C’est l’histoire dans un cadre, ni plus ni moins.

Son chum Robert

Nombreux sont ceux qui connaissent le travail de Jean Gaudreau, même s’ils ne se sont jamais déplacés à la Galerie Lacerte ou dans un autre lieu voué à la diffusion de l’art contemporain. Le peintre basé dans le quartier Maizerets en doit une à Robert Lepage. En 2009 et en 2010, les œuvres de Gaudreau étaient projetées sur les silos de la Bunge aux côtés de celles de Lemieux, Pellan et Riopelle. Ici, on peut donc écrire le mot «consécration» sans avoir peur de le galvauder.

Cette fois encore, Lepage lui fait une fleur en lui prêtant son local de la rue Dalhousie, la caserne d‘Ex Machina. C’est là que seront suspendues ses œuvres «dans une mise en scène très théâtrale».

Du 26 juin au 12 juillet Caserne Dalhousie

 

 

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